lundi 7 juillet 2014

Les Anecdotes sur la comtesse Du Barry (Du Barri) par Pidansat de Mairobert (1776). « Si ce ne fut pas une vestale, la faute en fut aux dieux qui la firent si belle » (Mirabeau).



[Mathieu-François PIDANSAT DE MAIROBERT]

ANECDOTES SUR LA COMTESSE DUBARRI. Nouvelle édition, revue et corrigée, ornée du portrait de l'héroïne.

A Londres, chez John Adamsohn, 1776.

2 parties en 1 volume in-12 (16,5 x 11 cm) de (3)-346 pages. La seconde partie commence à la page 199. Portrait de Madame la comtesse Du Barry en frontispice.

Cartonnage de l'époque plein papier moucheté marron, tranches rouges. Usures de surface au papier de couverture du cartonnage sinon très bon état, intérieur immaculé.

NOUVELLE ÉDITION.



Cet ouvrage a paru pour la première fois, sous la rubrique de Londres, l'année précédente (1775). C'est ici la deuxième édition ou une contrefaçon (il existe une autre édition de ce texte en 1776 en 408 pages) de ce violent pamphlet dirigé contre la maîtresse de Louis XV, source selon l'auteur d'une bonne part des maux du royaume de France.

"Fort au courant des secrets de boudoirs des grandes dames du régime, que seule une cloison parfois sépare des coulisses de la politique, le chroniqueur se fit un jeu de les noter sur le vif, pour la joie du plus grand nombre. Il révèle ainsi que la maîtresse du bon Louis XV joignait d'autres faveurs a celles du roi, façon de dire que le pays entier portait des cornes, ou de suggérer que l'institution royale, toutes galanteries gardées, ne présentait pas de différence essentielle avec celles des jardins du Palais-Royal" (Pia, Dictionnaire des œuvres érotiques, p. 28-29).

On trouve dans ce volume nombre de petits secrets d'alcôve de la cour de Louis XV, accompagnés de quelques petites chansonnettes bien choisies et qui dépeignent fort bien cette courtisane célèbre. L'ouvrage s'achève sur ces mots : "Elle restera donc en France, où elle sera la consolation de l'envie, la pitié du philosophe, le désespoir de la beauté, et l'émulation d'une foule de courtisanes, qui, en apprenant son histoire, dans leur folle ambition aspireront au même triomphe."

Au bas du frontispice gravé on lit : "Madame la comtesse Du Barry. Sans esprit, sans talents, du sein de l'infamie, jusques au trône on la porta : contre une cabale ennemie, jamais elle ne complota : et de l'ambition ignorant les alarmes, jouet des intrigants, régna par ses seuls charmes."

Mathieu-François Pidansat de Mairobert était né le 20 février 1707 à Chaource et se donna la mort le 27 mars 1779 à Paris. Élevé chez Marie Anne Doublet de Persan, dont il prétendait être le fils, il se trouve mêlé, de bonne heure, aux conversations et aux querelles du monde des lettres. Proche du « parti patriote », surveillé par la police, il est lié à Restif de la Bretonne. Il occupe une place de censeur royal et le titre de secrétaire du roi et des commandements du duc de Chartres. Il est en 1779 compromis dans le procès du marquis de Brunoy, dont il se trouvait le créancier pour une somme considérable. Bien qu'en cette affaire, selon l'opinion générale, il ne soit que le prête-nom d'un plus haut personnage, le Parlement de Paris lui inflige un blâme public par arrêt du 27 mars 1779. Se croyant déshonoré, Mairobert va le soir même chez un baigneur où il s'ouvre dans le bain les veines avec un rasoir, puis achève de s'ôter la vie d'un coup de pistolet. Le curé de Saint-Eustache n'a consenti à l'inhumer qu'après ordre exprès du roi. Restif de la Bretonne l'a pleuré amèrement, et allait tous les ans, à l’anniversaire de son suicide, revoir sa maison pour commémorer la date. Les Anecdotes sur Madame la comtesse Du Barri ont été parfois attribuées à Théveneau de Morande mais il s'agit d'une erreur liée à l'annonce de la publication par celui-ci d'un ouvrage intitulé Les Mémoires secrets d’une femme publique ou recherches sur les aventures de Mme la comtesse du Barry depuis son berceau jusqu’au lit d’honneur, enrichis d’anecdotes et d’incidents relatifs à la cabale et aux belles actions du duc d’Aiguillon, mais l’ouvrage, qui fit pourtant grand bruit, n’a finalement jamais vu le jour. On en connait que le titre.

Octave Uzanne, friand de ces textes aux senteurs de soufre, a donné une nouvelle édition de ce texte en 1880, dans la série des documents sur les mœurs du XVIIIe siècle.

La comtesse du Barry finit son parcours tumultueux sur l'échafaud le 8 décembre 1793.

« Elle est la seule femme, parmi tant de femmes que ces jours affreux ont vues périr, qui ne put avec fermeté soutenir l'aspect de l'échafaud ; elle cria, elle implora sa grâce de la foule atroce qui l'environnait, et cette foule s'émut au point que le bourreau se hâta de terminer le supplice. » (Élisabeth Vigée-Lebrun)

Mirabeau dit d'elle : « Si ce ne fut pas une vestale, la faute en fut aux dieux qui la firent si belle ».

BON EXEMPLAIRE DE CE LIVRE PEU COMMUN EN CONDITION D'ÉPOQUE.

VENDU