samedi 15 octobre 2016

Bibliophilie Reliure mosaïquée signée Jean Lambert sur La Mère et l'Enfant de Charles-Louis Philippe, illustré par Deslignères. Editions de La Nouvelle Revue Française, Paris, 1920. Tirage à 300 exemplaires. Superbe exemplaire.


PHILIPPE, Charles-Louis - DESLIGNÈRES, André

LA MÈRE ET L'ENFANT, illustré par Deslignères.

Éditions de La Nouvelle Revue Française, Paris, 1920

1 volume in-4 (24,5 x 20 cm) de 47 feuillets non chiffrés (94 pages). Le dernier feuillet est blanc.

Reliure de l'époque plein maroquin marron foncé, dos à quatre nerfs saillants sautés, auteur et titre dorés dans les entre-nerfs, date dorée en queue. Le premier plat est illustré d'une belle plaque de maroquin ivoire mosaïqué de maroquin noir et blanc, et doré (17,3 x 12,5 cm) reproduisant un des grands bois gravé hors-texte (le premier). Toutes tranches dorées, encadrement intérieur de maroquin (largeur : 25 mm.) souligné par un filet gras doré, doublure centrale et première garde de tabis marron, gardes de papier décoré fait main. Couvertures conservées. Emboîtage bordé de maroquin. (reliure signée Jean LAMBERT). Parfait état.

TIRAGE A 300 EXEMPLAIRES.

Notre exemplaire bien que faisant partie du tirage n'a pas été numéroté. (exemplaire de passe ou de collaborateur).

Volume achevé d'imprimer le 16 avril 1920 sur les presses de R. et L. Coulouma, imprimeurs à Argenteuil, sous la direction de H. Barthélémy.




L'illustration se compose de 1 vignette de couverture, 1 vignette pour la justification du tirage, 4 grands hors-texte, 4 grands bandeaux, 4 lettrines, 3 culs-de-lampe, 1 vignette pour l'achevé d'imprimer, soit 18 très jolis bois gravés par l'artiste Deslignères.

« Je crois être en France le premier d’une race de pauvres qui soit allée dans les lettres », écrivait Charles-Louis Philippe (1874-1909). Fils d’un sabotier, issu d’un milieu très pauvre, il poursuit ses études grâce à une bourse. Au début de l’année 1908, il appartient au mouvement qui décide de créer La Nouvelle Revue française. L'auteur de Bubu de Montparnasse était né à Cérilly dans le Bourbonnais (Allier) et sa vie fut brève puisqu'il mourut à peine âgé de 35 ans d'une fièvre typhoïde compliquée en méningite. Dans La Mère et l'Enfant il propose un mélange d'hommage à la figure maternelle empreint d'autobiographie. Le texte recèle quelques belles formules. L'écrivain retrace par ce biais des moments de sa propre vie, son entrée au lycée, où il a dû vivre comme en exil, il y était interne. La Mère et l'enfant n'a strictement rien de drôle, ce texte se trouve tout empli de la vie tumultueuse, chamboulée, de l'écrivain dont le trajet sur la Terre aura été bref mais jalonné de bien des événements. Même si La Mère et l'enfant a été publié en 1900, la montée des détresses, des dislocations sociales, des exclusions qui s'emballent, ces facteurs empêchent ce texte d'apparaître daté. Rien de suranné là-dedans." (source internet).

« Lorsque j’avais deux ans, maman, tu étais forte comme une force de Dieu, tu étais belle de toutes sortes de beautés naturelles, tu étais douce et claire comme une eau courante. Tu ressembles à la terre facile et calme de chez nous qui s’en va, coteaux et vallons, avec des champs et des prés de verdure… Tu es le ciel qui s’étend au-dessus de nous, frère bleu de la plaine… Tu étais surtout, maman, un large fleuve tranquille qui se promène entre deux rives de feuillages, sous des cieux calmés. J’étais une barque neuve qui s’abandonne au beau fleuve et qui a l’air de lui dire : Emmène-moi, beau fleuve, où tu voudras… Mais surtout maman, tu étais ma citadelle. Magnifique et calme, tu te tiens debout sur la colline, et ton enfant n’a pas peur lorsqu’il va dans la vallée… » (extrait)




Les superbes illustrations gravées sur bois par André Deslignères (1880-1968), lui-même enfant du pauvre pays voisin de Morvan (il était né à Nevers), lui aussi fils de sabotier, font écho au texte de Charles-Louis Philippe. Ce sont les mots et les images de la terre, des gens simples et du peuple qui dialoguent ici entre eux. La magnifique reliure signée Jean Lambert, en reproduisant en mosaïque avec la plus grande habileté l'un des grands bois de Deslignères, vient ajouter de la beauté à l'ensemble.

Les reliures de Jean Lambert sont assez rares. Il était installé au 50 de la rue Sainte-Anne puis au 38 de la rue l'Arcade à Paris. Il a exercé de 1935 à 1955. Ancien élève de l'Ecole Estienne il eut notamment Robert Bonfils comme professeur. Fléty indique que ses débuts dans la profession furent assez prometteur mais que sa personnalité ne parvint pas cependant à s'imposer nettement et qu'il abandonna le métier. (Fléty, 103)

PARFAIT EXEMPLAIRE SOMPTUEUSEMENT RELIÉ.

Prix : 2.600 euros