dimanche 11 février 2018

Rétif de la Bretonne (Restif). La Fille naturelle (1776). Rare contrefaçon parfaitement établie par Chambolle-Duru. Très bel exemplaire.


[Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne] [RESTIF DE LA BRETONNE].

La Fille naturelle.

A La Haye, et se trouve à Lausanne, chez Franç. Grasset et Cie, 1776

2 partie en 1 volume in-12 (159 x 100 mm - Hauteur des marges : 155 mm) de 1 feuillet de fauxètitre, 1 feuillet de titre, (III) à VIII-155-(1 page blanche)-2 pages de table, 1 feuillet blanc, 1 feuillet de faux-titre, 1 feuillet de titre, 181 pages, 1 page blanche et 2 pages de table. Complet.

Reliure plein maroquin rouge de la seconde moitié du XIXe siècle (Chambolle-Duru), dos à nerfs richement ornés aux petits fers dorés (entrelacs), tranches dorées sur marbrure, triple-filet doré en encadrement des plats, jeu de filets et roulettes dorés en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne. Collationné complet. Exemplaire lavé et réencollé. Excellent état.

Contrefaçon rare parue 7 ans après la première édition parue en 1769 et qu'elle recopie exactement, avec les fautes.



Cette édition est faite avec soin, quoique ce ne soit qu’une contrefaçon de la première édition de Paris ; la justification appartient au format in-18 plutôt qu’à l'in-12. En août 1778, dans sa réponse à Jean- André Engelbrecht, traducteur allemand d’ouvrages français, Restif exprime très-naïvement ses préférences pour ce roman : « La Fille naturelle est un ouvrage attendrissant, dit-il (voy. la 27e lettre, à la fin du tome XIX des Contemporaines, seconde édition), et qui a un mérite, mais qui ne lui sert de rien auprès du lecteur : l’histoire est vraie, et j’en ai été le témoin oculaire. J’en prépare une troisième édition, outre les contrefaçons de province, et comme c’est mon ouvrage favori, je le retravaillerai pour le style et les situations, au point d’en faire un livre digne d’une nation. Malheureusement, les traductions auront toujours toutes mes fautes. » La Fille naturelle a fourni deux nouvelles aux Contemporaines, sous les titres de la Sympathie paternelle et de la Fille reconnue (voy. Monsieur Nicolas, tome X, p. 2723). Restif en a tiré, en outre, un drame intitulé : la Mère impérieuse, ou la Fille naturelle. (Paul Lacroix, Bibliographie raisonnée des ouvrages de Restif de la Bretonne).



"On a souvent cité la manière de composer de Restif de la Bretonne, qui exécutait lui-même, sans manuscrit et sans préparation écrite, l’impression d’un roman. Celui de la Fille naturelle serait un exemple remarquable de cette étonnante facilité d’improvisation. Pendant qu’il imprimait, avec l’aide de son apprenti Théodore, La Confidence nécessaire, qu’il avait préparée et composée à loisir, pour le compte d’un libraire ; un autre libraire, nommé Edme Rapenot, lui raconta l’histoire d’un père riche, qui avait fait l’aumône à sa fille naturelle, sans la connaître. « Ce beau trait, dit-il, dans Monsieur Nicolas, tom. X (p. 2723), alluma mon imagination et me fit composer, à l’imprimerie même et sur une casse, La Fille naturelle, en deux parties, qui ne me prirent que six jours, tant la composition que la mise au net : chef-d’œuvre de célérité, peut-être chef-d’œuvre de pathétique... C’est la première fois que je me suis attendri, en composant. » Ce roman, publié sans annonces, eut pourtant du succès, ou du moins se vendit, puisqu’on en fit quatre éditions. Il n’en est pas moins rare. Restif dit pourtant, ailleurs (dans Monsieur Nicolas, tome XVI, p. 4554), qu’il écrivit ou esquissa son livre, avant de le composer typographiquement ; l’idée du roman ne lui fut pas moins inspirée par un récit d’Edme Rapenot : « Je mis aussitôt la plume à la main, dans une chambre isolée de l’imprimerie, où j’étais alors occupé à câser moi-même la Confidence nécessaire. » Il n’y a que quelques parties des tomes XI et XII de Monsieur Nicolas, que l’auteur ait improvisées à la casse, c’est-à-dire en les composant pour l’impression." (Paul Lacroix, ibid.)



« On jugera, par la nature des faits qu’on va lire, qu’ils n’ont pas leur source dans l’imagination de l’auteur. La vérité est au-dessus de la fiction. Montrer le prix de l’homme ; donner une idée de cette volupté si pure et si douce que procure la bienfaisance ; prouver qu’une bonne éducation porte des fruits tôt ou tard ; voilà le but principal que je me suis proposé en publiant cette histoire. Amuser et plaire ne doivent être que le second motif de cet écrivain honnête homme ; c’est à l’amour de la vertu et de l’humanité de conduire sa plume... » (Préface).




Étiquette du libraire londonien : Robson and Kerslake Booksellers, 23, Coventry Street, Haymarket, London.



Références : Paul Lacroix, Bibliographie raisonnée des ouvrages de Restif de la Bretonne, n°2 (pour l'EO) et n°4 (notre contrefaço) (pp. 95-98) ; Rives Childs, Restif de la Bretonne. Temoignages et jugements. Bibliographie, p. 209. Notre exemplaire est probablement l'exemplaire présenté au catalogue Morgand sous le n°5.211 (60 fr., juin 1879 - anciennement présent au catalogue Auguste Fontaine, 1874, 80 fr.).



Bel exemplaire parfaitement établi par Chambolle-Duru de ce rare titre de Rétif de la Bretonne.

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