mercredi 11 février 2015

Manuscrit inédit sur la Révolution et le Consulat par L. Marmet du Jura : Mes Loisirs An XIV (1805-1806). "Qui répond d'ailleurs que le premier Consul ne violera pas son serment ; qu'il respectera constamment la liberté des citoyens ?" (extrait)




Louis Charles Hyacinthe MARMET

MES LOISIRS - L'AN QUATORZE [1805-1806].

MANUSCRIT INÉDIT COMPOSE DE 5 OUVRAGES DISTINCTS COMME SUIT :

- LES VEILLÉES D'UN SOLITAIRE. QU'EST-CE QUE L'AMOUR ?

22 pages et gravure en frontispice d'après Marilier.

- LETTRE AU C. P***à PORT-LIBRE, ISLE DE SAINT-DOMINGUE. 1er GERMINAL AN 8 [1799-1800].

pp. 23 à 68.

- AUX MÂNES DE MERCIER DE COMPIÈGNE, L’AMITIÉ RECONNAISSANTE. Suivi d'une Notice sur la vie et les ouvrages de C. F. Mercier suivie de quelques unes de ses lettres au C. M. [MARMET].

pp. 69 à 103. Portrait gravé de Mercier de Compiègne.

- OPINION D'UN MILITAIRE SUR LES MOYENS DE RETABLIR LA DISCIPLINE DANS LES ARMEES DE LA REPUBLIQUE. AN IX [1800-1801].

118 pages

- OBSERVATIONS SUR LES VENTES DE DOMAINES NATIONAUX CONSOMMEES EN VERTU DE LA LOI DU 28 VENTOSE AN 4 [1795-1796] ET SUR LES ABUS QUI SE SONT INTRODUITS DANS QUELQUES PARTIES DE L'ADMINISTRATION. Présentées au Conseiller d'Etat chargé des domaines nationaux. Par le citoyen L. Marmet, chef de Bureau à l'administration centrale du Département du Jura.

pp. 191 à 228.



5 parties reliées en 1 volume in-12 (13 x 8,5 cm).

Reliure de l'époque demi-veau brun, dos orné de roulettes dorées formant faux-nerfs, pièce de titre, plats de papier à la colle bleu. Quelques frottements à la reliure mais bel exemplaire bien conservé et décoratif. Intérieur écrit sur beau papier vergé légèrement bleuté, quelques mouillures sans gravité, très frais dans l'ensemble. Complet.

Manuscrit signé in fine L. Marmet et daté du 10 pluviose An 8 [1799-1800] (sans doute s'agit-il de la date de rédaction du dernier texte seulement).



L'ensemble de ces textes est inédit (inconnu au CCfr et catalogue Bnf). Que sait-on de L. Marmet, leur auteur ? Il se présente comme chef de Bureau à l'administration centrale du Département du Jura dans un des textes. On sait d'après les textes qu'il fut un temps militaire (pendant la Révolution) et qu'il y prit une part active. Retiré dans son département Franc-Comtois, il rédige ces textes "ses loisirs" et fait revivre en bonne part les événements de la Révolution et du Consulat.

Si le premier texte semble une bluette sur l'amour, les sentiments et l'amitié (non dénuée d'intérêt cependant), il en va tout autrement des quatre textes qui suivent.
Marmet donne ensuite une lettre très intéressante adressée vraisemblablement à un de ses amis en poste sur l'île de Saint-Domingue. Cette longue lettre de plus de 40 pages est très intéressante. Elle traîte des suites dramatiques de la Révolution et du Consulat mis en place. Les craintes de l'auteur au sujet de Bonaparte sont sans ambiguité. En voici un extrait significatif :

"Je remarque avec plaisir que vous n'attribuez point comme tant d'autres, les malheurs de la Révolution aux véritables principe du Républicanisme. En effet ce sont les fourbes, les intriguans, les laches déserteurs de la liberté qui, sous une funeste apparence de zèle et d'amour du bien public, ont sacrifiés les hommes et les choses, la vertu et la religion, en un mot la félicité publique, aux coupables projets d'une aveugle ambition. [...] Vous pensez que la journée du 18 brumaire, l'ouvrage d'hommes probes et sages, anéantira le chancre dévorant qui menace le corps politique d'une entière dissolution. C'était aussi mon espoir : de grandes choses, sans doute, ont été faites, mais les changements opérés dans la Constitution, nous présagent un avenir peu consolant, si l'on ne se hâte d'y mettre un terme. Avez-vous bien médité, ce code, unique fondement de notre sécurité, en qui repose la garantie de nos droits politiques. Les français demandaient une Constitution sagement combinée dans son ensemble et ses détails, appropriée à ses moeurs, à ses habitudes et à son caractère, qui préserva ses propriétés et sa personne des attaques perfides des factieux de cette classe d'hommes incorrigibles dont l'existence est surtout fondée sur le crime et les désordres. [...] On a confié la suprême magistrature à un Consul nommé pour dix ans .... dix années !... s'en est-il écoulé une seule, sans secousse et sans déchirement ! Le pouvoir d'un seul magistrat sera t'il plus à l'abri des atteintes de l'anarchie et du royalisme que ne le fut celui des assemblées nationales et du directoire qui l'ont précédé ? Qui répond d'ailleurs que le premier Consul ne violera pas son serment ; qu'il respectera constamment la liberté des citoyens ? [...]"

Marmet compare ensuite Bonaparte à César et la France à Rome, et annonce sa chute imminente. Passionnant en tous point.

Marmet offre ensuite un portrait inédit de Mercier de Compiègne (1763-1800), écrivain, éditeur et compilateur français, connu surtout pour ses ouvrages satiriques et libertins, et mort à seulement 37 ans. Marmet et Mercie furent amis et celui-ci offre ici cinq lettres intimes inédites, à lui adressées. La première lettre est datée de Paris, 4 nivose an 5. La deuxième lettre est datée du 24 floréal an 7. La troisième lettre est datée du 4 brumaire an 8. La quatrième est datée du 12 frimaire an 8. Et enfin la cinquième et dernière lettre est datée du 5 messidor an 8. Ce sont là cinq lettres très intéressantes qui touchent au plus près les liens d'amitié qui unirent les deux hommes, mais également qui courent sur l'actualité du moment.

Le texte suivant "Opinion d'un militaire sur les moyens de rétablir la discipline dans les armées de la République - An IX" est d'un intérêt tout aussi grand. Il concerne exclusivement l'armée et l'organisation militaire à revoir entièrement selon lui.

Le dernier texte "Observations sur les ventes de domaines nationaux"est très intéressant également et donne la position de Marmet sur les biens saisis aux émigrés ainsi qu'aux modifications à apporter dans la loi pour un fonctionnement pour juste. Ce texte est signé et daté de l'an 8.

Louis Charles Hyacinthe Marmet a laissé plusieurs textes imprimés : Considérations sur les émigrés (1799), Lettre à Dubois-Crancé, représentant du peuple, sur l'emprunt forcé et la contrainte par corps contre ceux qui ne paieront pas (1795) et M. de Chateaubriand réfuté par lui-même (1816).

TRÈS BEL ENSEMBLE DE TEXTES INÉDITS SUR LA RÉVOLUTION, LE CONSULAT ET DIVERS.

UNQUE.

VENDU