mercredi 27 avril 2016

Bibliophilie Napoleoniana et Vin Mariani : La Panacée du Capitaine Hauteroche par Octave Uzanne, illustré par Eugène Courboin. 1 des 50 exemplaires sur Japon (en feuilles).


Octave UZANNE - Eugène COURBOIN, illustrateur

LA PANACÉE DU CAPITAINE HAUTEROCHE par Octave Uzanne. Illustrations hors texte à l'aquarelle par Eugène Courboin.

Paris, Henry Floury, 1899

1 volume in-folio (32,5 x 25,5 cm), en feuilles (débroché), 63 pages, 1 illustration à mi-page et 15 illustrations à pleine page tirées hors-texte. Le premier plat de couverture est présent mai sali. Exemplaire à relier ou à conserver tel quel.

ÉDITION ORIGINALE.

TIRAGE A 500 EXEMPLAIRES.


CELUI-CI, 1 DES 50 EXEMPLAIRES DE LUXE SUR PAPIER DU JAPON.




Voici un livre finalement assez peu connu d'Octave Uzanne. Une fiction littéraire assez courte, écrite en hommage à deux héros : d'une part Angelo Mariani et son vin tonique, pour lequel ce conte est écrit ; d'autre part en hommage au célèbre grognard bourguignon, le Capitaine Coignet. Il est assez étonnant de constater que personne parmi les critiques et autres bibliographes ou chroniqueurs littéraires du temps n'a fait le rapprochement pourtant si évident entre le personnage fictif du Capitaine Hauteroche et le Capitaine Coignet. Le détournement d'une réalité historique par Octave Uzanne est une évidence qui saute aux yeux de celui qui sait lire entre les lignes de cet aimable conte des guerres de l'Empire, hommage aux Vieux de la vieille. Si dans le conte d'Uzanne le vieux grognard tient un débit de boisson et de tabac à Vendôme, c'est à Auxerre que le vieux grognard Coignet tenait un débit de tabac. Le jeune Uzanne l'a bien connu dans sa prime jeunesse bourguignonne (lire notre article à ce sujet). Il meurt à Auxerre en 1865, Octave Uzanne a 14 ans. Ayant participé à seize campagnes militaires et quarante-huit batailles, Coignet ne fut curieusement jamais blessé (est-ce vrai ?). Ce petit miracle supposé, Uzanne, transposant cette histoire, l'attribue aux vertus excellentes d'un vin à la coca que le grognard utilise à chaque fois que le besoin s'en fait sentir, comme un philtre protecteur. Ce vin venu du Pérou par un soldat rencontré sur le champ de bataille deviendra ce vin Mariani si recherché pour ses vertus régénératives. Voici comment Octave Uzanne explique ceci avec humour à le toute fin du conte : "Depuis lors, - mon cher Angelo Mariani, - Corse conquérant et militant, vous êtes venu doter la France de ce vin de coca qui a fait notre santé et notre réconfort aux heures des plus mornes dépressions. – D’où teniez-vous la recette ? – Le grand Empereur l’avait-il connue ? Avait-il goûté sur un champ de bataille à la gourde magique du brigadier Clasquo et a-t-il transmis à quelqu’un de ses compatriotes, qui sont les vôtres, le secret de la Panacée du capitaine Hauteroche ? - J’aime à le supposer et il me plaît, dans mon admiration pour le héros et ma profonde amitié pour vous, d’associer vos deux noms dans la victoire constante de votre inimitable vin sur l’humanité si facilement mise en déroute. En tout cas, je ne bois jamais – ainsi qu’il m’arrive chaque jour – un verre de vin Mariani sans songer à l’Épopée Napoléonienne et aux exploits de ce vieux dur à cuire de capitaine Hauteroche, qui, grâce à sa précieuse liqueur, supporta toutes les guerres de l’Empire, y compris la terrible retraite de Russie, jusqu’à la fatidique bataille de Waterloo. C’est pourquoi je me suis complu à écrire ce conte qu’illustrent de si magistrales compositions du peintre militaire Eugène Courboin, en qui vibre l’âme belle, claire et limpide des héroïques soldats d’autrefois."

Uzanne s'amuse à présenter son ami Angelo Mariani comme une sorte de prophète-magicien qui a offert au monde cette panacée universelle qui guérit tous les maux. Même si l'écriture de ce conte gentillet est en quelque sorte une commande de la part d'Angelo Mariani lui servant tout à la fois de réclame pour son vin merveilleux et de flatterie pour le bibliophile amateur de belles éditions qu'il était, il n'en reste pas moins que ce livre pour ainsi dire oublié aujourd'hui, permet à Octave Uzanne, une fois de plus, de montrer son érudition (les détails des batailles militaires sont bien présentés et semblent pris aux meilleures sources - sans doute aux sources mêmes des Cahiers du Capitaine Coignet). Par ailleurs, de par la richesse de son illustration, Octave Uzanne a fait de ce livre de grand format (32 x 23,5 cm environ) un très beau livre de bibliophilie. Le tirage a été limité à 500 exemplaires (comme la plupart des autres Contes à Mariani), 450 exemplaires sur vélin et 50 exemplaires sur papier du Japon. L'illustrateur choisi par Uzanne, Eugène Courboin, fidèle collaborateur des belles éditions de l'auteur depuis 1890, a donné une série de 15 dessins au trait pleine page ainsi qu'un dessin à mi-page au début du volume (ainsi qu'une couverture illustrée).

RARE SUR PAPIER JAPON.

Prix : 550 euros