mardi 30 janvier 2018

Jean Richepin. Le Pavé (1883). Edition originale. Très bel exemplaire en reliure d'époque. Bibliothèque Francisque Sarcey (1899). Exemplaire de dédicace.


Jean RICHEPIN.

LA PAVÉ. Aphorismes préliminaires. Paysages et coins de rue. Quelques cris, souvenirs et fantaisies. Quelques bêtes. Types. Album intérieur.

Paris, Maurice Dreyfous, 1883

1 volume in-12 (17 x 11 cm) de (3)-384 pages.

Reliure de l'époque demi-maroquin cerise, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, lettre R dorée au centre de chaque caisson, tête dorée, non rogné, les deux plats de couverture conservés. Fine reliure non signée (dans le goût et la qualité des reliures de Victor Champs). Superbe état, reliure très fraîche. Intérieur très frais, sans rousseurs.

Édition originale en librairie.

Exemplaire de dédicace offert par l'auteur au critique Francisque Sarcey (hommage de l'auteur bien reconnaissant).

Il n'a été tiré que 56 exemplaires sur grand papier. Celui-ci est tiré sur papier vélin légèrement teinté (papier ordinaire) de qualité.


La critique donnée dans la revue Le Livre par Bernard-Henri Gausseron, dès la parution du volume, est des plus enthousiastes : "Ces études ont été un des plus grands succès du journal dans lequel elles ont d'abord paru. Elles forment aujourd'hui un livre qui restera comme un des monuments les plus caractéristiques de l'esprit et du style de ce temps. [...] ce livre de Richepin contient bien la quintessence du pavé parisien de nos jours, en même temps qu'il donne exactement la mesure du talent de l'écrivain arrivé au point culminant de la première partie de sa carrière. [...] Le- Pavé de Jean Richepin est pour sa prose ce qu'est la Chanson des Gueux pour ses vers l'expression nette et complète d'un génie original à un moment donné de son évolution intellectuelle. Il lui marque sa place parmi les prosateurs, comme la Chanson des Gueux la lui marque parmi les poètes. [...] Je ne peux, faute d'espace, analyser cette monographie du pavé de Paris faite par un Parisien qui aime sa ville jusque dans ses vices et ses ordures, tout en n'en dissimulant rien. Il est même, à mes airs, frappé de ces laideurs et de ces vices au point de les exagérer involontairement et du ne plus pouvoir mettre en leur juste relief les grâces les charmes, les douceurs et les beautés de cette ville unique et sublime qui, si elle a les sombres profondeurs de l'enfer de Dante, a aussi des splendeurs en plein ciel, telles que nul poète n'en a imaginé pour décrire le paradis. [...]" (B.-H. G.).


A propos de Jean Richepin on retiendra cette lettre du bougon Léon Bloy : « En réalité, vous vous foutez de tout, excepté de deux choses : jouir le plus possible et faire du bruit dans le monde. Vous êtes naturellement un cabotin, comme d'autres sont naturellement des magnanimes et des héros. Vous avez ça dans le sang. Votre rôle est d'épater le bourgeois. L'applaudissement, l'ignoble claque du public imbécile, voilà le pain quotidien qu'il faut à votre âme fière. » — Léon Bloy, Lettre à Jean Richepin (1877).



Provenance : Bibliothèque Francisque Sarcey (vente du 22 novembre 1899, n°179). Mention de cette vente par le propriétaire suivant (note sous le faux-titre avec envoi). Le bibliophile A.R. a fait faire la reliure en 1899, à son initiale (R doré au dos du volume).


Charmant exemplaire de dédicace.

Prix : 480 euros

Etienne Cabet. Révolution de 1830, et situation présente (juillet 1832) expliquées et éclaircies par les Révolutions de 1789, 1792, 1799 et 1804, et par la Restauration. Édition originale. Bel exemplaire en reliure de l'époque.


Etienne CABET.

Révolution de 1830, et situation présente (juillet 1832) expliquées et éclaircies par les Révolutions de 1789, 1792, 1799 et 1804, et par la Restauration, par M. Cabet, député de la Côte d'Or.

Paris, Aguste Mie, 1832

1 volume in-8 (21 x 13,5 cm) de (1)-XIV-389-(1) pages.

Reliure de l'époque demi-basane maroquinée caramel, dos lisse à faux-nerfs ornés dorés et à froid, fleurons à froid, plats de papier raciné, tranches marbrées. Quelques légers frottements à la reliure, en bel état. Intérieur avec quelques rousseurs habituelles, la deuxième moitié du volume en est quasi exempte. Beau papier chiffon.

Édition originale.


"Ce que je prévoyais est arrivé : la colère du pouvoir m'a forcé de comparaître devant les tribunaux ; mais les juges du pays ont condamné mon accusateur. Cependant, mon but ayant été d'être utile en éclairant la masse du peuple, ma tâche n'est point encore accomplie : il me reste à donner à mon ouvrage la plus grande publicité. J'en fais donc une seconde édition à 10.000 exemplaires, au plus bas prix possible, afin que les citoyens les plus pauvres puissent en faire l'acquisition. [...]" (extrait).

Cette première édition, qui valut un procès à son auteur, est bien complète des débats parlementaires sur l'Italie, la Pologne et la Belgique. 


Ce dijonnais, fils d'un maître-tonnelier, né en 1788 et mort à Saint-Louis (Missouri, USA) en 1856, était un théoricien politique français, classé parmi les socialistes utopiques par Karl Marx et Friedrich Engels, qui lui opposent un socialisme scientifique. Il se définissait lui-même comme "communiste". Il participe activement à l'insurrection de juillet 1830. Élu député de la Côte-d'Or en juillet 1831, il fonde en septembre 1833, Le Populaire, un journal ultra-démocratique dans lequel il attaque avec violence le gouvernement de Louis-Philippe. Interdite deux ans plus tard, la publication reparaît en mars 1841, encore plus virulente que dans la première version. Condamné en 1834 à deux ans de prison pour délit de presse, il préfère se réfugier en Angleterre, où il fréquente notamment Martin Nadaud (1815-1898)4, le maçon de la Creuse en passe de devenir député. Grâce à l’apport de ce dernier et de réformistes anglais, dont Robert Owen (1771-1858), philanthrope communisant, il poursuit sa formation politique. Lors de ce séjour, il découvre également les conditions déplorables dans lesquelles travaillent les ouvriers dans les usines britanniques. C'est en 1840, à Londres, qu'il écrivit l'ouvrage pour lequel il est le plus connu, Voyage en Icarie (publié pour la première fois sous ce titre en 1842 et sous son véritable nom), description d'une cité idéale. Il fonda en 1848 une communauté utopique du même nom, Icarie, sur les bords de la rivière Rouge, au Texas. Elle sera active jusqu'en février 1895 (dissoute par défaut de colons suffisants pour assurer la production).

La société idéale de Cabet est basée sur cet axiome : « La passion aveugle pour la liberté est une erreur, un vice, un mal grave. » Pour Cabet c’est l’intérêt supérieur de la communauté auquel doivent se soumettre toutes les volontés et toutes les actions.


Agréable exemplaire en reliure de l'époque décorative de l'édition originale peu commune.

Prix : 600 euros

samedi 27 janvier 2018

De Boufflers. Aline, Reine de Golconde, conte (1887). Superbe édition bibliophilique imprimée pour les Amis des Livres, dirigée par Octave Uzanne. Reliure de Lemardeley. Bel exemplaire. Très rare.


Stanislas de BOUFFLERS (Chevalier)

ALINE, REINE DE GOLCONDE, CONTE par le Chevalier Stanislas de Boufflers.


A Paris, Gravé et imprimé pour la Société des Amis des Livres, 1887

1 volume petit in-4 (24 x 15,8 cm), (7)-IV-29-(2) pages, comprenant 1 faux-titre et justification du tirage (1 feuillet), 1 feuillet de titre gravé avec vignette (imprimé en bleu), 4 pages d'envoi imprimé orné de 2 belles vignettes à l'eau-forte en couleur, 29 pages de texte gravé orné de 1 bel en-tête et 1 belle lettrine à l'eau-forte en couleur, 11 vignettes dans le texte en noir, 1 page pour l'explication technique, 1 page d'achevé d'imprimer. 4 pages pour la liste des membres de la Société des Amis des Livres, in fine.


Reliure de l'époque demi-toile fine bleu ciel à larges coins, dos lisse orné d'une pièce de titre de maroquin havane et d'une pièce de millésime du même maroquin, en queue, filets et fleurons dorés, relié sur brochure, non rogné (reliure de l'époque signée Lemardeley). Les deux plats de couverture sur papier fin à rayures bleu ont été conservées en très bon état. Reliure très bien conservée avec seulement quelques légers frottements aux extrémités. Intérieur parfait.


TIRAGE A 117 EXEMPLAIRES SEULEMENT.

Celui-ci porte le n°106. Ils ont tous été imprimés sur papier de Hollande à la cuve. Les exemplaires 115bis et 115ter ont été affectés au dépôt légal. 

On lit à la fin : "Les Amis des Livres ont confié la Direction de cet ouvrage à leur collègue Octave Uzanne. Les compositions jointes au texte ont été dessinées par Albert Lynch. Les eaux-fortes au lavis gravées par E. Gaujean. Les lettres bâtardes du texte burinées par A. Leclère. Le volume a été achevé d'imprimer pour la Société des Amis des Livres le 25 octobre 1887 sur les presses en taille-douce de la Maison Quantin à Paris."


Ce petit livre est une merveille, un véritable joyau bibliophilique. Octave Uzanne a donc dirigé la mise en train de cette édition de grand luxe pour ses collègues des Amis des Livres. C'est le seul livre dont il dirigea l'exécution artistique pour cette société qui lui laissera le goût amer du trop rigide et du trop convenu. C'est peu de temps après la mise au jour de cette édition qu'il créera fin 1889 l'Académie des Beaux-Livres ou Bibliophiles contemporains.

Voici comment Octave Uzanne s'exprime au sujet de ce joli conte léger :


« On ne saurait se faire une idée exacte aujourd'hui de l'engouement qu'excita le délicieux conte d'Aline ; Grimm en parle avec enthousiasme. [...] Ce fut une fureur pendant plus de six mois ; d'innombrables copies d'Aline couraient de ruelle en ruelle, de salon en salon, de société en société ; on s'arrachait ces manuscrits, on ne parlait que du conte et de l'auteur. Boufflers eut une vogue qu'il n'avait point cherchée, mais qui n'en fut que plus retentissante et le mit de plain-pied dans le domaine de la galanterie. Toutes les femmes voulurent connaître l'heureux amant de la jolie laitière, cet écrivain simple et charmant qui avait su, par la fraîcheur et la jolie tournure de son style, exciter la curiosité d'un public blasé par les fadeurs de tant de petits romans. [...] » (extrait de la Notice sur la vie et les oeuvres de Boufflers, placée en tête des Poésies publiées par Octave Uzanne dans la collection des Petites Poètes du XVIIIe siècle (Paris, A. Quantin, 1886).

On voit donc que ce n'est pas un hasard si Octave Uzanne publie Aline pour les Amis des Livres fin 1887 alors qu'il s'était largement intéressé à l'auteur dès fin 1885 début 1886.


Ce conte en prose, galant voire légèrement licencieux, a été publié pour la première fois en 1761. Deux ans après Candide, un an après La Nouvelle Héloïse, Boufflers donne ce petit bijou littéraire qui fait fureur : cinq éditions paraissent avant la fin de l’année. Ce conte est une douce rêverie, une rêverie qui rassemble certaines idées bien répandues sur le bonheur. Un jour, dans une belle vallée, un adolescent de bonne famille (c’est le narrateur) rencontre une jeune paysanne qui porte un pot de lait à son village. Ce jour-là, ils découvrent l’amour et la volupté, mais le jeune homme quitte sa belle laitière, Aline, pour suivre la voix trompeuse de la gloire. Il retrouvera Aline à trois reprises. La première fois, à l’Opéra à Paris : elle est devenue une femme du monde. La deuxième fois, aux Indes : elle est la reine bienfaisante du royaume prospère de Golconde, connu pour ses diamants. La troisième fois, ils se retrouvent dans un désert au pied d’une montagne où le narrateur se retire, las de ses déboires. Ils sont vieux, elle n’est plus belle : « Nous étions autrefois jeunes et jolis, lui dit-elle, soyons sages à présent, nous serons plus heureux. » (informations extraites du site de Sue Carrell consacré à la correspondance échangée entre la comtesse de Sabran et le chevalier de Boufflers)

« Je tombai aux pieds de la divine Aline : nous nous aimâmes plus que jamais, et nous devînmes l’un pour l’autre notre univers. J’ai déjà passé ici plusieurs années délicieuses avec cette sage compagne ; j’ai laissé toutes mes folles passions et tous mes préjugés dans le monde que j’ai quitté ; mes bras sont devenus plus laborieux, mon esprit plus profond, mon cœur plus sensible. Aline m’a appris à trouver des charmes dans un léger travail, de douces réflexions et de tendres sentiments ; et ce n’est qu’à la fin de mes jours que j’ai commencé à vivre. » (extrait).

Dès 1887 les exemplaires de ce livre ce sont arrachés à prix d'or. On le retrouve somptueusement relié dans les plus riches bibliothèques de la la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Au catalogue Morgand il est très coté (de 200 à 500 francs or selon la reliure - 1500 francs or (prix fou) pour un exemplaire en reliure décorée de Charles Meunier !).


TRÈS RARE.

BEL EXEMPLAIRE EN RELIURE TOILE FINE DÉCORÉE DE LEMARDELEY.

Prix : 1.500 euros

Nous proposons également un exemplaire luxueusement relié en plein maroquin de l'époque. Voir notre catalogue.

jeudi 25 janvier 2018

Bernard-Joseph Saurin. Mirza et Fatmé, conte indien traduit de l'arabe (1754). Edition originale peu commune de cette satire-allégorie philosophico-politique.


[Bernard-Joseph Saurin].

Mirza et Fatmé, Conte indien, traduit de l'arabe.

A La Haye, 1754

2 parties en 1 volume in-12 (16 x 10 cm) de (2)-322-(6) pages.

Reliure de l'époque pleine basane marbrée, dos à nerfs orné, tranches rouges. Usures aux coins et aux coiffes. Petits travaux de vers à la reliure, sans gravité. Intérieur frais avec de légères salissures à quelques feuillets. Complet.

Édition originale.


"J'ai eu l'honneur de vous parler d'un petit roman, Mirza et Fatmé, à qui la malignité du public a donné une sorte de vogue. Ce roman est encore dans le goût de ceux du comte d'Hamilton et de Crébillon : des fées, des génies, des enchantements, des allégories ; il y a très-longtemps qu'on est excédé de toutes ces choses-là. Cependant les applications très-satiriques qu'on n'a pas manqué de trouver dans plusieurs endroits de ce roman, lui ont fait une espèce de réputation qu'il ne mérite pas ; il n'est pas absolument mal écrit, mais on n'y trouve ni plan, ni conduite, ni intérêt. Je ne sais si j'ai tort d'être tant dégoûté des allégories que je le suis. Ce genre est si froid, si puéril, si insipide. Qu'est-ce que c'est, par exemple, que cette éducation de Mirza, que la fée du malheur a élevée dans l'île des Amis ? Peut-on se résoudre à travestir aussi puérilement une idée qui, quoique commune, ne laisse pas que d'être philosophique : voilà cependant une des plus ingénieuses allégories de ce roman ; ce n'est pas ainsi que nos maîtres en l'art d'écrire avaient de l'esprit. Voici quelques traits qui ont fait le plus de bruit : Le sultan est un prince imbécile, et par conséquent tyran, qui mesure le bonheur de son peuple au poids de son individu, qui veut un ministre qui le fasse rire, et qui prend dans ses titres de qualité de toujours gai, quoi qu'il soit le plus triste des sultans." (Correspondance de Grimm, janvier 1754).


La Nouvelle Bibliothèque Universelle des Romans souligne le style vif et pur, et le but vraiment utile de cet ouvrage, puisqu'il tend à démontrer que le malheur est la plus utile des écoles pour tous les hommes, et surtout pour les souverains. Ce qui caractérise particulièrement cet ouvrage intéressant, est-il écrit, c'est la multitude des allégories ingénieuses, sous lesquelles l'auteur peint successivement le malheur, le despotisme, la superstition, le fanatisme, la volupté, l'avarice, l'amour, le désespoir, l'espérance, la terreur, l'amitié, la cour, le peuple, et la philosophie. Il n'est personne de sensé qui ne souscrive aux justes éloges qu'il prodigue à la dernière.


"Au commencement du troisième [jour] il se trouve vis-à-vis d'un palais brillant. Le prince approcha, et lut fur le frontispice en gros caractère de diamant : Palais de l'espérance. Il avait été bâti par la Fée de l'Imagination ; on y était introduit par le Génie du Désir : on y attendait tous les jours l'Amour et la Fidélité pour les marier ensemble : le prince, après avoir traversé plusieurs cours, entra par un vestibule de marbre vert, dans un salon tout couvert de glaces de diamant, encadrées dans des bordures d'émeraude : il y avait au milieu un trône de même matière, sur lequel une jeune Fée était assise. [...]" (extrait, pp. 137-138.

Où il est question de fées, d'enchanteurs, d'anneaux d'invisibilité ...

L'auteur, Bernard-Joseph Saurin (1706-1781), tour à tour avocat, poète et chansonnier, était le fils du mathématicien Jospeh Saurin. Ses tragédies sont oubliées tout autant que ses comédies. S'il ne fallait retenir qu'une seule production de cet auteur ce serait certainement ce conte indien.


Bon exemplaire de cet ouvrage peu commun.

Prix : 550 euros

lundi 22 janvier 2018

Cocorico. « journal humoristique le plus artistique et littéraire » qui prend la « défense de l'Art nouveau » (1898-1900). Tête de collection (44 premiers numéros). Belles reliures éditeur. Couvertures illustrées et compositions par Mucha, Kupka, Steinlen, de Feure, Rivière, Arthur Michael, Mignot, Willette, Cossard, Popineau, etc.


Paul Boutigny (directeur) -Alfons Mucha (illustrateur), Steinlen, Adolphe Willette, Roche, Popineau, Adolphe Cossard, Arthur Michael, Auguste Roubille, Victor Mignot, George de Feure, Kupka, Charles Léandre, Henri Rivière, Giorgio Kienerk, etc. (illustrateurs).

COCORICO. Revue.

Au Bureau de la Rédaction et Administration, 9, Rue Say, Paris, 1898-1900

2 volumes grands in-4 (31,5 x 24,5 cm), 44 premières livraisons reliées (sur 63 livraisons que compte la revue complète).



Reliures éditeur pleine percaline verte avec le coq de Steinlen estampé sur le premier plat (noir, rouge avec titre en or). Titre et daté dorés en long au dos. Dans le premier volume les couvertures illustrées et les annonces publicitaires illustrées sont rassemblées en fin de volume. Dans le second volume les couvertures illustrées et les annonces publicitaires sont à leur place en tête de chaque livraison. Reliures et intérieurs très frais. Complet en ce qui concerne les 44 premières livraisons.



Le peintre Paul Boutigny, admirateur et ami d'Alphonse Mucha, décide de mettre sur le marché à la fin de l'année 1898 le « journal humoristique le plus artistique et littéraire » qui prend la « défense de l'Art nouveau » sous une forme « luxueuse mais à un prix abordable ». Tels sont les mots publiés dans la profession de foi du premier numéro qui sort des presses le 31 décembre à Paris. Au regard de l'histoire des magazines, Cocorico se distingue des autres supports alors en vente en France : si L'Illustration et la Revue illustrée, via la famille Baschet, dominent en partie le secteur, ils sont peu nombreux à proposer résolument sous une forme accessible une vitrine du modernisme artistique, lequel déferle tout de même sur toute l'Europe depuis une dizaine d'années. Cocorico n'offre pas seulement un échantillon d'images originales signées d'artistes alors émergents, on trouve aussi des textes en prose ou des poèmes signés par des auteurs comme Alphonse Allais, Tristan Bernard, Ferdinand Bloch, Paul Bourget, Georges Courteline, Hugues Delorme, Maurice Donnay, Vincent Hyspa, Jules Renard, ou encore Henri de Régnier ou Willy. Le ton est à la fois littéraire et humoristique, voire satirique et politique à travers des caricatures quand l'actualité l'impose. L'affiche promotionnelle est exécutée par Steinlen. Techniquement, les couvertures sont des chromolithographies de bonne qualité et l'intérieur est dans un premier temps tiré en noir et blanc. Peu à peu, le magazine qui offre d'abord 8 pages, passe à 12 pages voire 14 quand la publicité est abondante. La bichromie fait son apparition à partir de mars 1899 sur 2 à 4 pages, puis ce petit cahier passe en couleurs à compter de janvier 1900. Boutigny travaille avec l’imprimerie Champenois que fréquentent certains des meilleurs affichistes lithographes. L'appel aux abonnés se fait de façon très insistante : pour 7 francs par an, Boutigny promet 24 numéros assortis de diverses primes qui vont de l'estampe aux cartes postales artistiques signées Mucha, en passant par des objets proposés à des prix défiant toute concurrence, tels un appareil photographique pour une majoration d'un franc de l'abonnement, un petit phonographe ou un « vase modern style », le tout mis à disposition au siège de Cocorico, situé 9 rue Say. Une formule « marketing » qui avait déjà été mise en pratique par de nombreuses revues artistiques (comme L'Estampe moderne) et qui continue de nos jours encore d'être utilisée par les magazines. En novembre 1901, Louis Geisler devient l'administrateur du journal : cet inventeur et industriel dirigeait entre autres les papeteries des Châtelles où, sans doute après avoir négocié un partenariat avec Boutigny, il décide d'imprimer Cocorico suivant son procédé dérivé de la « phototypie », la trichromophotogravure. Les procédés de reproductions photographiques commencent à cette époque à se multiplier dans la presse et concurrencent la gravure mécanique de type traditionnel, mais à un coût de revient qui grève sensiblement l'économie de certains supports : vendu 30 centimes pendant ses trois premières années, Cocorico passe à 50 centimes en novembre 1901. Le magazine disparaît le 1er mai 1902, après avoir publié 63 numéros et duré moins de quatre années. (source : wikipédia).



Les artistes ayant collaboré à Cocorico sont fort nombreux, leurs présence va du hors-texte en couleurs au simple « strip » légendé. Le principal « acteur » étant Mucha qui, a lui seul, couvre plusieurs numéros (5 couvertures - plusieurs compositions hors-texte ou dans le texte) et qui signe la vignette de la page d'ouverture. Chaque une est différente, les artistes convoqués (certains ne restent à ce jour que partiellement connus) s'amusant à revisiter le titre selon un jeu typographique assez novateur, sans doute inspiré de la revue allemande Jugend ; la plupart des vignettes sont exécutées par Cossard et Popineau. Signalons la couverture du numéro 42 imprimée façon kraft, qui montre une gravure sur bois signée Mucha mais exécutée par Léon Ruffe ; également celles des numéros du 15 avril et 15 mai 1901 intitulées « Les artistes critiqués par eux-mêmes » et qui mettent en revue le salon de la Société des beaux-arts et celui des Artistes français ; ou bien encore celles de ce « mystérieux peintre londonien » Arthur Michaël. (source : wikipédia).



Très bel exemplaire des 44 premiers numéros de cette superbe revue "Art Nouveau".



Une seule collection complète des 63 livraisons est actuellement proposée sur le marché des livres anciens pour environ 7.750 euros (22 janvier 2018).

VENDU

vendredi 19 janvier 2018

Zoé Gatti de Gamond. Des devoirs des femmes, et des moyens les plus propres d'assurer leur bonheur (1836). Édition originale rare. "[...] dans les classes plus aisées et plus éclairées, le sort des femmes est dans leurs propres mains, et c'est à elles qu'il appartient de réformer leur position sociale."


Zoé Gatti de Gamond.

Des devoirs des femmes, et des moyens les plus propres d'assurer leur bonheur, par Mme Gatti de Gamond.

Bruxelles, L. Hauman et Cie, 1836 [imprimerie de L. Schapen]

1 volume in-12 (16,3 x 10,5 cm) de (2)-III-186-(1) pages.

Cartonnage bradel plein papier marbré de l'époque, pièce de titre au dos, filets dorés au dos. Très bon état. Deux coins légèrement pliés. Quelques légères marques du temps. Intérieur frais. Papier vélin.

Édition originale.



Cet ouvrage est dédié par l'auteur à sa soeur Aline. Il a été publié suite à l'accueil bienveillant qu'avait reçu son ouvrage sur la condition des femmes. Il s'agit selon l'auteur de l'application des principes posés dans ce livre. Elle traite ici comme dans l'ouvrage précédent de la condition des femmes et de leur éducation. "Mais dans le premier je ne faisais guère que l'exposé critique de leur condition, et des malheurs qui y sont attachés, , écrit-elle. Dans celui-ci j'y cherche le remède, et le trouve uniquement, comme je l'avais indiqué, dans une éducation qui nous porte à la vertu, soit qu'elle vienne de nous-mêmes ou d'autrui. [...]."



Zoé Charlotte de Gamond est née le 11 février 1806 à Bruxelles où elle est morte le 28 février 1854. Éducatrice et féministe belge, elle aura toujours prôné l'émancipation des femmes par l'éducation. Les préceptes qu'elle avance afin de libérer les femmes d'une servitude difficilement concevable aujourd’hui pourraient faire sourire nos féministes. Dieu est très présent tandis qu'elle estime que « les femmes sont faites pour être épouses et mères ». Elle suit tout d'abord les doctrines de Saint-Simon. A la fin des années 1830 elle commente Fourier dans un ouvrage intitulé « Fourier et son système ». Avec le soutien d'un riche fouriériste anglais, Arthur Young, elle acheta, en septembre 1841, un monastère en Bourgogne, à Saint-Nicolas-lès-Cîteaux, l'abbaye de Cîteaux, afin d'y établir un phalanstère dont elle avait imaginé l’aspect théorique dans la réalisation d’une commune sociétaire, d’après la théorie de Charles Fourier. Ce phalanstère qui fonctionna jusqu'en 1846, s'avéra être un désastre financier. En effet, le phalanstère était conçu pour accueillir 600 personnes, mais, début 1843, il n’en abritait que 167. Le couple De Gamond ainsi ruiné, retourne à Bruxelles où il vivra une vie de gêne et de privation. Zoé sera même amenée à demander de l’aide à son entourage pour subvenir à ses besoins essentiels. Néanmoins, elle n’abandonnera pas son projet de réformer la condition des femmes. Grâce au soutien de Charles Rogier, Zoé de Gamond fut nommée inspectrice des écoles maternelles, primaires et normales. Cette fonction mettra temporairement fin à ses difficultés financières. Elle meurt à l'âge de 48 ans.

Ses convictions religieuses fortes, la morale stricte et les vertus qu'elle demande aux femmes de mettre en oeuvre chaque jour de leur vie, ne doivent pas faire oublier que son objectif principal est de libérer la femme de l'ignorance qui la maintient alors en état d'esclavage total vis-à-vis de son milieu familial, aussi vis-à-vis la société qui l'entoure.



Elle précise elle-même que son livre ne s'adresse aux femmes de la classe du peuple : "Quelle est aujourd'hui l'éducation, la règle de conduite, la destinée commune des femmes ? nous ne parlerons pas ici des femmes de la classe du peuple, élevées dans l'abrutissement et la misère, exploitées, corrompues, sans soutien, sans recours, traînant péniblement la vie, et courbées jeunes sous le poids d'une vieillesse prématurée. Il y aurait trop à dire sur ce sujet, et comme la misère est le premier des maux de cette classe, c'est surtout au législateur à y porter remède ; tandis que dans les classes plus aisées et plus éclairées, le sort des femmes est dans leurs propres mains, et c'est à elles qu'il appartient de réformer leur position sociale." (extrait).

Provenance : ex libris Le Tellier, avocat (étiquette imprimée de l'époque).



Bel exemplaire en condition d'époque de ce livre rare.

VENDU

jeudi 18 janvier 2018

Ernest Tarbouriech. Essai sur la propriété (1904). Edition originale peu commune. Bon exemplaire.


Ernest Tarbouriech.

Essai sur la propriété. Bibliothèque socialiste internationale (sur-titre).

Paris, V. Giard et E. Brière, 1904

1 volume in-12 (18,5 x 12 cm) de 356 pages.

Reliure moderne demi-toile chinée beige, plats de papier à la colle. Dos muet. Couverture conservée en bon état (les deux plats). Papier légèrement jauni mais non cassant. Tableaux dépliants. Complet.

Édition originale.

Cet ouvrage, tout comme La cité future paru deux ans plus tôt, contient une vision sociale novatrice basée sur le collectivisme et le socialisme pratique. La notion de propriété est décortiquée sous tous ses aspects afin d'en tirer des leçons pour l'avenir. Ernest Tarbouriech (1865-1911) était docteur en droit. Il publia en 1896 un essai sur La Responsabilité des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail, et il enseigna au Collège des sciences sociales de Bruxelles dont il fut l'un des fondateurs. Dreyfusard et militant de la première heure à la Ligue des Droits de l'Homme, il adhère au parti socialiste en 1900. Il fut l'un des intellectuels qui contribua à forger la doctrine socialiste. Il fut un grand défenseur des droits des femmes. En 1910, moins d'un an avant sa mort, il est élu député S.F.I.O. du Jura.

"Nos descendants verront changer les rapports des hommes entre eux pour la production, qui sera socialisée, alors que maintenant elle est monopolisée par les capitalistes. [...] (extrait).

"Son Essai sur la propriété, publié en 1904, beaucoup plus que ses publications précédentes (la Cité future), annonce une tentative plus aboutie de dépasser le cadre d'une lecture strictement économique de la réalité sociale." (Société d'études jaurésiennes, Cahiers Jean Jaurès, 2000).

Cet ouvrage n'a jamais été réimprimé.

Bon exemplaire de cette édition originale peu commune.

Prix : 200 euros

Etienne Cabet. Révolution de 1830 et situation présente (mai 1833) expliquées et éclairées par les révolutions de 1789, 1792, 1799 et 1804, et par la Restauration. Bon exemplaire.


Etienne Cabet.

Révolution de 1830 et situation présente (mai 1833) expliquées et éclairées par les révolutions de 1789, 1792, 1799 et 1804, et par la Restauration, par Cabet, député de la Côte d'Or. 2e édition.

Paris, Deville-Cavelin et Pagnerre, 1833 [imprimerie de A. Aufray]

2 volumes in-12 brochés (17,7 x 10,8 cm) de (2)-247-(1) et 276 pages. Couvertures imprimées avec quelques usures et salissures, sans gravité. Intérieur en bon état, avec quelques rousseurs et coins repliés. Bon papier chiffon.

Deuxième édition.

La première édition a paru en 1832 chez Auguste Mie au format in-8.


"Ce que je prévoyais est arrivé : la colère du pouvoir m'a forcé de comparaître devant les tribunaux ; mais les juges du pays ont condamné mon accusateur. Cependant, mon but ayant été d'être utile en éclairant la masse du peuple, ma tâche n'est point encore accomplie : il me reste à donner à mon ouvrage la plus grande publicité. J'en fais donc une seconde édition à 10.000 exemplaires, au plus bas prix possible, afin que les citoyens les plus pauvres puissent en faire l'acquisition. [...]" (extrait)

De cette nouvelle édition ont été retranchés les débats parlementaires sur l'Italie, la Pologne et la Belgique ; l'auteur y a ajouté la curieuse conversation de Louis-Philippe avec MM. Laffitte, Odilon Barrot et Arago, ainsi qu'une notice sur son procès.


Ce dijonnais, fils d'un maître-tonnelier, né en 1788 et mort à Saint-Louis (Missouri, USA) en 1856, était un théoricien politique français, classé parmi les socialistes utopiques par Karl Marx et Friedrich Engels, qui lui opposent un socialisme scientifique. Il se définissait lui-même comme "communiste". Il participe activement à l'insurrection de juillet 1830. Élu député de la Côte-d'Or en juillet 1831, il fonde en septembre 1833, Le Populaire, un journal ultra-démocratique dans lequel il attaque avec violence le gouvernement de Louis-Philippe. Interdite deux ans plus tard, la publication reparaît en mars 1841, encore plus virulente que dans la première version. Condamné en 1834 à deux ans de prison pour délit de presse, il préfère se réfugier en Angleterre, où il fréquente notamment Martin Nadaud (1815-1898)4, le maçon de la Creuse en passe de devenir député. Grâce à l’apport de ce dernier et de réformistes anglais, dont Robert Owen (1771-1858), philanthrope communisant, il poursuit sa formation politique. Lors de ce séjour, il découvre également les conditions déplorables dans lesquelles travaillent les ouvriers dans les usines britanniques. C'est en 1840, à Londres, qu'il écrivit l'ouvrage pour lequel il est le plus connu, Voyage en Icarie (publié pour la première fois sous ce titre en 1842 et sous son véritable nom), description d'une cité idéale. Il fonda en 1848 une communauté utopique du même nom, Icarie, sur les bords de la rivière Rouge, au Texas. Elle sera active jusqu'en février 1895 (dissoute par défaut de colons suffisants pour assurer la production).


La société idéale de Cabet est basée sur cet axiome : « La passion aveugle pour la liberté est une erreur, un vice, un mal grave. »  Pour Cabet c’est l’intérêt supérieur de la communauté auquel doivent se soumettre toutes les volontés et toutes les actions.


Agréable exemplaire broché, tel que paru en librairie.

Prix : 350 euros

mercredi 17 janvier 2018

C. S. Lewis. Pauline Baynes. Les Chroniques de Narnia (2005). Reliure d'art. Exemplaire unique par sa présentation bibliophilique.


C. S. Lewis. - Pauline Baynes (illustratrice).

Les Chroniques de Narnia. 1. Le Neveu du Magicien. 2. L'Armoire Magique. 3. Le Cheval et son Écuyer. 4. Le Prince Caspian. 5. L'Odyssée du Passeur d'Aurore. 6. Le Fauteuil d'Argent. 7. La Dernière Bataille.

Folio Junio. Gallimard Jeunesse [2005]

7 volumes 17,3 x 12,8 cm (environ 210/220 pages par volume).

Reliure demi-maroquin bradel bleu ardoise. Chaque dos est orné d'une lettre dorée, le tout formant le mot NARNIA avec pour le 4ème volume un décor central (voir photos). Fines reliures modernes parfaitement exécutées.

Superbe exemplaire délicatement relié.



Clive Staple Lewis est né à Belfast en 1898 et mort à Oxford en 1963. Enfant, il était fasciné par les mythes, les contes de fées et les légendes que lui racontait sa nourrice irlandaise. L'image d'un faune transportant des paquets et un parapluie dans un bois enneigé lui vint à l'esprit quand il avait seize ans. Ce fut seulement de nombreuses années plus tard, alors que C. S. Lewis enseignait à l'université de Cambridge, que le faune fut rejoint par une reine malfaisante et un lion magnifique. Leur histoire, "L'Armoire magique", devint un des livres les plus aimés de tous les temps. Six autres "Chroniques de Narnia" suivirent. Le prestigieux prix Carnegie, la plus haute distinction de littérature pour la jeunesse au Royaume-Uni, fut décerné à l'ultime volume, "La Dernière bataille", en 1956. «Quand j'avais dix ans, je lisais les contes de fées en secret. Maintenant que j'en ai cinquante, je les lis sans me cacher» (C. S. Lewis). (notice de l'éditeur).



Pauline Baynes est née à Hove, dans le Sussex en 1922. Elle étudia à la Farnhalm School of Art et plus tard à Slade. Elle a derrière elle une longue carrière d'illustrateur et de designer puisqu'elle contribua à l'illustration de plus d'une centaine de livres. J.R.R. Tolkien l'a choisi la première fois pour illustrer Farmer Giles of Ham en 1967. Après cela, elle illustra de nombreux autres de ses livres, comme The Adventures of Tom Bombadil, Smith of Wootton Major, Tree and Leaf ou encore Bilbo's Last Song. C'est Tolkien qui présenta Pauline Baynes à C.S. Lewis en 1950. Ce sont les illustrations de cette dernière pour Les Chroniques de Narnia qui la rendirent célèbres. Elles s'étalent sur une période remarquablement longue, depuis l'armoire Magique, parue en 1950, jusqu'à la mise en couleurs, à la main de l'intégralité des sept titres, quarante ans plus tard ! Pauline Baynes a remporté la Kate Greenaway Medal et compte parmi les meilleurs illustrateurs pour enfants de notre époque (notice de l'éditeur).



Une édition commune destinée aux enfants du XXIe siècle, présentée ici dans une reliure décorative d'une très grande qualité qui en fait une pièce bibliophilique.



VENDU

mardi 16 janvier 2018

Ange Guépin. Philosophie du XIXe siècle. Etude encyclopédique sur le monde et l'humanité (1854). Edition originale rare.


Ange GUÉPIN.

Philosophie du XIXe siècle. Étude encyclopédique sur le monde et l'humanité.

Paris, Gustave Sandré, 1854 [Nantes, imprimerie W. Busseil]

1 fort volume in-8 (19,5 x 13 cm) de 993 pages et 1 page d'errata. Les pages 983 à 993 sont occupées par une table des matières contenues dans ce volume.

Cartonnage demi-toile du XXe siècle (probablement années 1950-1960) en très bon état. Tranches rognées un peu courtes. Premier plat de couverture conservée (sali avec légères usures). Volume imprimé sur un papier vélin mécanique de médiocre qualité (non cassant mais uniformément teinté). Quelques salissures.

Édition originale rare.


Cet ouvrage d’Ange Guépin publié en 1854 reprend quasiment textuellement l’ouvrage de 1850 Philosophie du socialisme, mais Guépin a modifié le début et la fin des chapitres et changé leur agencement. Ce livre engendra une polémique avec Prosper Enfantin que Guépin accusait d’avoir beaucoup trop dévié de la ligne tracée pas Saint-Simon et de ne pas être suffisamment physiologiste. En 1858, Enfantin lui répondit dans sa Lettre au docteur Guépin (de Nantes) sur la physiologie,de plus de 150 pages. « Mon cher ami, écrit-il, la physiologie de M. tel ou tel, de Gall, Flourens ou autres,la vôtre même, n’est pas plus une science que la politique de MM. Thiers, Guizot, Lamartine, n’est une science ; ce sont des opinions fondées sur une multitude de petites observations trompeuses. » (Bibliothèque virtuelle de l'Université de Poitiers, Premiers Socialismes, notice en ligne, consultée le 16 janvier 2018).


Ange Marie François Guépin, né le 30 août 1805 à Pontivy (Morbihan), mort le 21 mai 1873 à Nantes, est un médecin (ophtalmologiste), un écrivain et un homme politique français, républicain et socialiste, qui a joué un rôle important dans la vie politique et sociale de Nantes au xixe siècle, comme conseiller municipal et conseiller général, et, à deux reprises, comme préfet par intérim, mais surtout comme médecin philanthrope et comme théoricien et militant d’une forme de socialisme refusant la Terreur, mais incluant le féminisme. La vie d'Ange Guépin est tout entière orientée par l'idée d'un progrès de l'humanité fondé sur le développement de la science et des techniques appliquées à l'industrie, reprise de son père Victor Guépin, révolutionnaire de 1789, mais aussi des disciples de Saint-Simon et des socialistes utopistes rencontrés au cours de ses études de médecine. Ange Guépin a joué un rôle important en étudiant les transformations de la société française au xixe siècle. Il s'est interrogé sur les causes et conséquences de ces transformations, dans le but de réduire la misère des hommes de son temps et de créer les conditions pour que le progrès des connaissances aille vers plus de bonheur et de liberté. (source : wikipédia).

« Le grand édifice de l’avenir réclame aussi et avant tout l’affranchissement de la femme, sa liberté, son état civil, son mariage égalitaire » (extrait).

« On peut faire de Fourier l’analyse la plus séduisante en se bornant à une partie de ses études ; on pourrait le rendre ridicule en ne prenant que le surplus […] C’est ainsi qu’il est conduit logiquement à rapprocher les hommes pour les soumettre à leurs attractions et les distribuer en séries, et par suite à créer la commune nouvelle, agglomération sociale dans laquelle les intérêts seront rapprochés, combinés et sériés. Cette découverte est immense ; elle contient tout le mécanisme social de l’avenir : aussi, quels que soient les rêves, les folies, les fautes de logique que l’on peut signaler dans l’utopie de Fourier, nous ne l’en regardons pas moins comme l’un des plus grands génies qui aient jamais existé. Il est en réalité le Kœpler de la science sociale, quoiqu’il ait encore beaucoup plus accordé que Kœpler aux puissances mystérieuses des nombres, et qu’il soit bien moins scientifique dans sa manière d’étudier la nature […] Nous devons admettre, avec les fouriéristes, que le phalanstère ou commune sociétaire est un tout ; que c’est l’élément de l’existence sociale, un organe social véritable et complet, jouissant de toutes les fonctions qui constituent la vie […] C’était peu que de résoudre le problème de l’organisation d’une communauté de trois cents familles : il a été souvent essayé, souvent même victorieusement tenté ; mais il fallait encore, et c’est là le caractère de la découverte de Fourier, trouver la loi selon laquelle une communauté peut exister avec tous les avantages possibles d’ordre, d’économie, de travail, sans que dans cette institution personne puisse perdre quelque chose de son droit d’initiative ni de sa liberté individuelle […] Ajouter à cette institution, comme conséquence naturelle et même nécessaire de la forme nouvelle, non seulement une salubrité plus grande, une éducation meilleure, plus de vérité dans les relations, une répartition proportionnelle à l’apport de chacun en travail, talent et capital, un mécanisme de nature à produire entre tous l’harmonie, puis encore des plaisirs nouveaux, des formes nouvelles dans le travail, une économie de main d’œuvre, suite naturelle de la passion et du goût apportés dans tous les travaux : c’était introduire l’attraction dans la commune sociétaire et substituer l’action des passions naturelles à celle des obligations imposées ; le travail libre et librement choisi, à la contrainte ; l’émulation, à la concurrence ; la liberté, à l’esclavage du laboureur et de l’ouvrier. Sous ce rapport, Fourier n’est pas assez connu, il a besoin d’être étudié et popularisé ; et puis, n’est-ce rien qu’une doctrine destinée à réduire de plus en plus le capital, tout en lui donnant la part à laquelle il aura longtemps droit, mais selon la progression toujours décroissante de son pouvoir et de son action utile, qui sera en raison directe de l’augmentation de production avec de moindre efforts. » (extrait).


Cet épais volume est une bible humaniste. Angé Guépin était franc-maçon (loge mars). On donnera même son nom à une loge nantaise (loge Guépin fondée en 1908).

Bon exemplaire de cet ouvrage rare.

Prix : 650 euros

lundi 15 janvier 2018

Antoine Madrolle. Des crimes de la presse (1825). Vicomte de Bonald. Sur la liberté de la presse (1826). Belle reliure de l'époque réunissant deux textes liberticides.


[Antoine MADROLLE].

Des crimes de la presse, considérés comme générateurs de tous les autres. Dédié aux souverains de la Sainte-Alliance.

Paris, Potey, Libraire de Monsieur le Dauphin, s.d. [1825] [Paris, imprimerie de Lebel, imprimeur du Roi]

(3)-VIII-224 pages.

  Relié à la suite :

Vicomte DE BONALD.

Sur la liberté de la presse, par M. le Vicomte de Bonald, Pair de France.

Paris, imprimerie de Beaucé-Rusand, 1826

40 pages y compris le faux-titre et le titre. Vignette armoriée aux trois fleurs de lys de France sur le titre.

2 ouvrages reliés ensemble en 1 volume in-8 (21 x 13 cm).

Reliure plein veau raciné de l'époque, dos lisse orné de filets et fleurons dorés, roulette en encadrement des plats, tranches marbrées, doublures et gardes de papier marbré. Très bon état. Quelques frottements et marques sans gravité à la reliure.


Le premier ouvrage, Des crimes de la presse, est l'oeuvre de l'illuminé Madrolle (1791-1861). Originaire de Saint-Seine (Côte d'Or, Bourgogne), Antoine Madrolle est à classé parmi les auteurs ultra. Il débuta dans la carrière des lettres avec l'appui du vicomte de Bonald. Il a écrit de très nombreux libelles polémiques qui ont fait frémir plus d'un libéral. Vers 1848, Madrolle s'est fait le disciple du prétendu prophète Michel Vintras. Dès lors ses écrits s'enfuient vers les contrées illuminées. Selon certaines sources, retiré dans sa propriété près de Châtillon-sur-Seine (Vannaire) en Bourgogne, il montait dans les arbres où il avait aménagé une cabane pour écrire plus près de Dieu. A la bibliothèque nationale il est classé parmi les fous littéraires.

  Des crimes de la presse est divisé en deux parties. On y trouve des chapitres tels que : A quels signes les hommes sur la terre peuvent-ils reconnaître la vérité ? - De la gravité des crimes de la presse, plus grande aujourd'hui qu'à aucune autre époque de la monarchie - De l'impunité, de la faveur, et même de la récompense des crimes de la presse - De l'impuissance de l'Index - De l'impuissance de la censure - De l'abolition de la peine de mort en matière de crimes de la presse, quelle que soit leur gravité - Des moyens de répression des crimes de la presse - De ce qui arrivera si on laisse se prolonger le mal.


"L'avenir se raconte aussi bien que le passé. Cela doit étonner les hommes matériels qui, ne connaissant nullement le monde moral, ne voient rien du jeu, pourtant si visible et si admirable, des causes et des conséquences, des principes et des résultats ; les hommes intelligents n'en sont pas surpris." (extrait du dernier chapitre).

"Le gouvernement dira peut-être : L'époque est heureuse ; ciel sans nuage, nouveau règne, sacre superbe, fêtes magnifiques ... C'était aussi au milieu et aux bruits des plaisirs et des fêtes que Babylone recevait ses châtiments effroyables, que Lisbonne presque tout entière fut engloutie par un tremblement de terre, et que d'ouvraient en 1789 à Versailles ces états-généraux qui devaient presqu'aussitôt faire tomber la monarchie !" (dernières lignes du dernier chapitre).

Un livre étonnant qui précipite l'esprit humain à la rencontre de la folie partisane et mystique d'un enragé de la monarchie de droit divin.


Le second ouvrage, Sur la liberté de la presse, est l'oeuvre du vicomte de Bonald (1754-1840). Comme l'indique une note en première page : "L'auteur de cet écrit, retenu chez lui par des malheurs et des affaires domestiques, ne croit pas cependant devoir rester étranger à une question sur laquelle la chambre des députés a exprimé un vœu qui est celui des gens de bien, le vœu de voir réprimer la licence effrénée de la presse [...]". 


"La censure préalable des ouvrages d'esprit est en soi une bonne institution. Quel est l'écrivain raisonnable et jaloux de sa réputation littéraire et morale qui, après s'être censuré lui-même, ne doive pas appeler sur ses écrits la critique d'amis éclairés et judicieux ? [...]"(extrait).

Intéressante réunion de deux textes farouchement liberticides en faveur de la défense des valeurs de la monarchie renaissante. Le premier ouvrage par Madrolle semble assez rare (aucun exemplaire actuellement en vente en ligne sur les sites spécialisés).


Bel exemplaire en pleine reliure de l'époque.

VENDU